MarciaHesse

Une presqu’île.
La maison sur la presqu’île.
La seule maison.
La maison des Hesse.
Soir de la Saint-Sylvestre.
Tempête.

Il y a Georgia la mère de Marcia, Yvonne la grand-mère de Marcia, Franck son oncle, Jérôme son frère et Henri, le copain de sa mère. Tous s’affairent, en attendant Angèle la tante de Marcia qui doit arriver avec son mari et ses trois enfants pour fêter avec eux la nouvelle année.

Il y a aussi Charlotte Lacroix et Juliette Wagner qui sont là, les copines de Jérôme et de Marcia.

Puis il y a Marcia qui est là. Elle va et vient en silence. Personne ne semble la voir. C’est elle le secret de la pièce.



CHARLOTTE LACROIX. Vous êtes sûre, Madame Hesse ?
GEORGIA HESSE. Certaine.
HENRI REVERDY. Ces couteaux n’ont plus de dents.
GEORGIA HESSE. Bien sûr qu’ils ont des dents. C’est parce qu’elles sont petites.
JULIETTE WAGNER. Vous les avez tous lus ?
YVONNE HESSE. Ce sont des dents de petit enfant.
GEORGIA HESSE. Non.
HENRI REVERDY. Presque.
YVONNE HESSE. Les couteaux ont des dents si petites qu’on dirait des enfants.
FRANCK HESSE. Moi, je les ai tous lus.
JÉRÔME HESSE. Tu parles. Franck n’a jamais ouvert un seul de ces livres. Il est allergique au papier.
YVONNE HESSE. Je faisais une plaisanterie.
JULIETTE WAGNER. Je ne savais pas que Baudelaire avait une correspondance.
CHARLOTTE LACROIX. Comme tout le monde.
JÉRÔME HESSE. Il écrivait des lettres, Charles, tu sais ; il avait des amis.
JULIETTE WAGNER. Geronimo, occupe-toi de tes patates

I. Marcia l’été prenait le temps de vivre
Affiche MARCIA HESSE
Théâtre d’Air
Création 2009
En sommeil

Texte Fabrice Melquiot
Mise en scène Virginie Fouchault
Assistantes Anne-Claude Romarie, Angélique Orvain
Scénographie et lumière  Jack Percher
Assistant à la scénographie Matthieu Blin


Avec
Marcia Hesse : Cindy Caplot
Juliette Lacroix : Margot Châron
Bertrand Sutter : Patrick Coulais
Georgia Hesse : Laurence Huby
Franck Hesse : Philippe Languille
Jonas Sutter : Fabrice Lebert
Gabrielle Sutter : Camille Lorrain
Amanda Sutter : Cassandre Manet
Henri Reverdy : Laurent Menez
Yvonne Hesse : Thérèse Roussel
Angèle Sutter : Emmanuelle Trégnier
Charlotte Wagner : Sandrine Weiss
Jérôme Hesse : Cédric Zimmerlin

Création sonore Benoît Pelé
Régie lumière Jean-Charles Esnault
Régie son François Baron
Régie plateau Rodrigue Montebran
Costumes Anne Pitard, Virginie Favennec
Administration – Diffusion Céline Moreau, Manon Pascart

Partenaires
Ce spectacle est soutenu par la DRAC des Pays de la Loire, la Région Pays de la Loire, le Conseil Général de la Mayenne, la Ville de Laval, l’ADAMI.
Coproduction Le Carré – Scène Nationale de Château-Gontier, Théâtre de Laval, Théâtre de l’Ephémère du Mans, Espace Saint-Clément de Craon.

Note d’intention de mise en scène - Virginie Fouchault
Dans un monde où l’individualisme fait rage, il est je crois indispensable de redonner la parole au groupe, au chœur.
C’est pourquoi, j’avais très envie pour cette nouvelle création de travailler avec un grand groupe d’acteurs (ils seront treize) sur le thème de la famille qui est, qu’on le veuille ou non, le premier groupe auquel nous appartenons et ce jusqu’à la fin de nos jours, voire au-delà.
Parallèlement, je découvrais depuis quelques années un auteur français contemporain, Fabrice Melquiot, qui est le premier auteur de théâtre français de ma génération dont je me sente si proche. Or, à la lecture de «  Marcia Hesse », j’ai eu le sentiment d’être comme à la « maison ». Comme si je connaissais déjà tous les personnages, leur façon d’être ensemble, leur façon de se parler, leur façon de se taire. Surtout de se taire. Car, il y a dans « Marcia Hesse », comme dans beaucoup de pièces de Melquiot une grande place laissée au metteur en scène et à l’acteur par tout ce qui est là mais non écrit, non dit. Les personnages sont dans l’action en permanence. Agir, pour éviter d’en parler, de se laisser déborder. Agir pour ne pas que l’émotion nous envahisse.
C’est quoi faire son deuil ? C’est comment ? Est-ce que c’est tout seul ? C’est ensemble ? C’est avec ou sans le mort ? C’est tenter de l’oublier ou au contraire c’est l’intégrer dans chaque geste, chaque parole ?
Melquiot réunit cette famille pour la première fois depuis la mort de Marcia. La tension est grande. Marcia est là. Ils sont dans l’évitement d’elle et de sa mort pourtant elle est concrètement là, avec eux sur la scène. Ils ne la voient pas mais le public la voit. Alors théâtralement est-elle là parce qu’ils parlent d’elle ou parlent-ils d’elle parce qu’elle est là ? Est-elle spectatrice de leurs retrouvailles ou agit-elle sur le déroulement de la soirée ? Est-ce que nos morts veillent sur nous ? Enfin, Melquiot a ce talent des grands auteurs de savoir parler des choses graves avec humour et poésie. Tous ses personnages sont drôles, attachants et tellement familiers ce qui nous donne des moments de dialogues jubilatoires et l’immense plaisir de se trouver sur cette île, un soir de tempête, dans cette famille réunissant mort et vivants. 
Espace et Son
Une île, un soir de tempête, «  à marée basse, on peut traverser à pied ; à marée haute on ne passe plus », les volets claquent, une maison en pleine effervescence. C’est un soir de Saint-Sylvestre, un soir de fête. Chacun s’active. Certains dialogues se croisent, s’emboîtent mais les espaces sont différents. Deux personnages se parlent dans la chambre, deux autres dans la salle de bain. Et  nous assistons aux deux conversations en même temps
Et parfois il y a deux personnages, parfois treize. Alors, à la manière d’un zoom de caméra, l’espace doit pouvoir se resserrer puis s’ouvrir. Tout doit être mobile. Les objets doivent glisser, rouler, apparaître, disparaître très vite. Nous sommes parfois dans une configuration très concrète, très exiguë d’un bout de cuisine, de salle de bain puis soudain le plateau est complètement dépouillé avec face à nous ce chœur de famille qui se débat comme il peut dans la tempête. A certains moments il y a un filtre entre le public et l’action sur la scène. C’est le regard de Marcia qui déforme parfois les objets, les espaces, les sons, les voix. Qui choisit d’écouter une conversation plutôt qu’une autre, qui construit, déconstruit les situations. Et puis il y a la soirée en elle-même qui déborde. La tempête est de plus en plus présente. La pluie fouette les visages et la parole se libère. 
Présentation de l'auteur : Fabrice Melquiot
Fabrice Melquiot fut d’abord acteur avec Emmanuel Demarcy-Mota et la compagnie Théâtre des Millefontaines. Parallèlement il écrit. En 1998 ses premiers textes pour enfants Les petits mélancoliques et Le jardin de Beamon sont publiés à l’Ecole des loisirs et diffusés sur France Culture. Il reçoit le Grand Prix Paul Gilson de la Communauté des radios publiques de langue française et, à Bratislava, le Prix européen de la meilleure œuvre radiophonique pour adolescents. Depuis quelques années, il se consacre entièrement à l’écriture. Ses textes sont publiés chez l’Arche Editeur : L’inattendu (2001), Percolateur Blues et La semeuse (2001), Le diable en partage et Kids (2002), Autour de ma pierre il ne fera pas nuit et The ballad of Lucy Jordan (2003), Ma vie de chandelle (2004), un recueil de trois monologues : C’est ainsi mon amour que j’appris ma blessure, Le laveur de visages et L’actrice empruntée (2004), puis Exeat et Je rien Te deum (2005), Marcia Hesse (2005), Faxxman, Je peindrai des étoiles filantes et mon tableau n’aura pas le temps et Sâlat Al-Janâza (2005), Tasmanie (2007), Faire l’amour est une maladie mentale qui gaspille du temps et de l’énergie (2008), Eileen Shakespeare et Pollock (2009), Modane, Le Cabinet de curiosités, 399 secondes et Hart-Emily (2010). Perlino Comment (2001) inaugure la collection de théâtre jeunesse de l’Arche éditeur, suit Bouli Miro (2002) mis en scène par Patrice Douchet, en tournée pendant trois ans. Bouli Miro a également été sélectionné par La Comédie Française ; ce sera le premier spectacle jeune public à être présenté au Français. La suite des aventures de Bouli, Bouli redéboule, a été présentée, toujours à la Comédie Française en 2005-2006. Le Gardeur de Silences a été publié et mis en scène par Franck Berthier à la Faïencerie de Creil en 2004. Ses textes sont traduits en plusieurs langues. Si l’essentiel de son écriture est tournée vers le théâtre, une autre passion habite Fabrice Melquiot : la poésie. Un recueil, Veux-tu ? a été publié à l’Arche et a donné lieu à une lecture-concert présentée à Paris, Reims, Turin… Un second recueil de poèmes est publié en 2005 : Graceful dont une version musicale a été présentée à la Comédie de Reims et au Théâtre de l’Ouest parisien. En 2008, il reçoit le Prix Théâtre de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre.
Dates passées
DateLieu
17 Décembre 2010 à 20h30THOUARS (17)
Théâtre de Thouars
13 Décembre 2010 à 20h30 – 15 Décembre 2010 à 20h30LE MANS (72)
L’Espal
2 Décembre 2010 à 20h30 – 4 Décembre 2010 à 20h30CHOLET (49)
Le Jardin de Verre & Scènes de Pays
26 Novembre 2010 à 20h30MAYENNE (53)
Le Kiosque
24 Novembre 2010 à 20h30LA FLÈCHE (72)
Le Carroi
10 Novembre 2010 à 20h30 – 11 Novembre 2010 à 20h30NANTES (44)
Le Grand T
6 Novembre 2010 à 20h30ÉVRON (53)
SVET des Coëvrons

Les couteaux ont des dents si petites qu’on dirait des enfants.

Visuel Marcia Hesse
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